La ville de Montréal compte plusieurs immeubles ayant comme revêtement extérieur de la brique, des blocs de maçonnerie et de la pierre naturelle. Pour être plus précis, près de 85% des immeubles de Montréal, tant résidentiels que commerciaux, ont de la maçonnerie comme revêtement extérieur. En fait, comme c’est le cas pour plusieurs grands centres, la proximité, voire la mitoyenneté des immeubles rend nécessaires la construction de revêtement coupe-feux pour des raisons évidentes d’empêcher la propagation d’incendie. En d’autres mots, si le feu prend dans un immeuble, il ne faut pas qu’il se répande sur toute la rue. Vous me direz que cet exemple est un peu simpliste et certes, vous aurez raison. Toutefois, le code du bâtiment est en grande partie écrit en se fondant sur des principes d’une simplicité parfois déconcertante… mais ô combien rassurante!
Pour revenir à notre sujet d’article, qui n’est pas de disserter sur les fondements de la maçonnerie dans les constructions de Montréal, mais plutôt de mettre en lumière les principales déficiences relatives aux multiples revêtements de briques, de pierres et de blocs sur les immeubles âgés et mal entretenus: l’effritement des joints de mortier, l’éclatement des briques et les ventres de boeuf. Pour le projet présenté ici, tous ces problèmes étaient existants et nous avons dû entreprendre une rénovation majeure de la maçonnerie de l’immeuble pour le remettre en état.
LES FAITS /
La brique arrière présentait plusieurs zones d’éclatement et les joints de mortier de chaux s’effritaient au simple toucher du doigt. Ce genre de problème est assez fréquent sur des immeubles non isolés et n’ayant aucune barrière pare-vapeur entre le carré de bois de la charpente de l’immeuble et le revêtement de maçonnerie. De plus, la brique arrière ainsi que la pierre naturelle St-Marc avaient toutes deux été peinturées plus de 15 ans avant la réalisation des travaux de rénovation de maçonnerie. Plusieurs ventres de boeufs étaient présents, tant sur les murs arrières que les murs de côté et de façade.
LES CAUSES EXTÉRIEURES ET INTÉRIEURES /
Le fait que la brique et la pierre soient peinturées est l’une des principales causes des nombreuses problématiques en maçonnerie. La pierre naturelle, tout comme la brique, les blocs de maçonnerie, le béton et tout autre produit dérivé du ciment et du sable sont tous poreux. Cette porosité permet à l’humidité de circuler librement au travers les murs de maçonnerie, ce qui est en soit très correct. Bien qu’invisible de l’extérieur, tous les revêtements de maçonnerie comprennent un jeu d’air qui permet une saine ventilation des murs de maçonnerie. La présence d’une barrière isolante pare-vapeur (visible lors de projets de construction et mieux connue sous le nom des produits // TYPAR et TYVEK…) posée sur la charpente des immeubles (ou sur l’isolant extérieur) permet quant à elle d’empêcher la circulation d’humidité entre l’extérieur et l’intérieur des bâtiments. De cette façon, le jeu d’air présent à l’arrière des revêtements de maçonnerie (et de tout autre revêtement) conserve la température de l’entre-mur égale à la température extérieure et empêche ainsi toute condensation entre le revêtement et la charpente murale de l’immeuble.
Dans le projet présenté, il n’y avait initialement aucune barrière pare-vapeur empêchant l’humidité intérieure de l’immeuble de pénétrer la brique et la pierre naturelle poreuse de l’immeuble. Ajoutez à cela quelques couches de peinture empêchant la brique et la pierre de respirer et vous avez une recette gagnante pour des problèmes de maçonnerie! Tout d’abord, les joints de mortier s’affaiblissent et deviennent très friables. Ceci a un impact direct sur la pénétration d’eau par l’extérieur des murs. Découle de ces réalités le problème répandu des ventres de boeuf.
VENTRE DE BOEUF // Un ventre de boeuf est un détachement des murs de briques, de pierres naturelles ou de blocs suivi d’un gonflement vers l’extérieur. Le plus souvent, ces défauts sont localisés dans le haut des murs, là où les intempéries entrent en contact avec les murs de maçonnerie. Les travaux correctifs à la réparation des ventres de boeuf consistent à défaire la partie concernée et à la refaire.
Lorsque ces travaux sont nécessaires, il est parfois préférable de continuer la démolition de cette partie du mur jusqu’aux têtes ou allèges des fenêtres afin de permettre le remplacement des fers angles, la pose de solin (tôle ou membrane) et le remplacement du papier noir par un pare-air (typar ou tyvek). Une fois ces étapes réalisées, l’installation de nouveaux ancrages muraux (feuillards d’aluminium ondulés), la pose de la brique, des pierres naturelles ou des blocs avec des chantepleures finalise les travaux de réfection du ventre de boeuf.
LE PROJET // Une fois l’identification des problèmes présents sur cet immeuble du centre-ville de Montréal, il était temps de passer à l’action. Globalement, le mandat était de refaire la totalité de la maçonnerie de l’immeuble à l’exception de la partie basse du mur de côté. En fait, la présence de plusieurs ventres de boeuf, d’effritement généralisé de la brique et l’état lamentable des joints de maçonnerie ne nous laissaient aucun autre choix.
La brique arrière a donc été remplacée en totalité après que le papier pare-vapeur tyvek ait été installé, que les ancrages aient tous été remplacés par des feuillards d’aluminium et que des solins aient été posés sur toutes les fenêtres. Une fois la brique posée, un nettoyage complet à l’acide muriatique a été effectué afin de rendre à la brique sa réelle beauté.
En avant, les travaux ont été similaires, mais plutôt que de la brique, il s’agissait de refaire la pierre naturelle. Contrairement à l’arrière, nous devions réutiliser la pierre d’origine au moment de rebriqueter. C’est ce qui a été fait. Une fois posée, la pierre naturelle a été décapée en totalité afin d’en retirer toute trace de peinture. La façade a donc retrouvé son allure originale et ce projet de rénovation majeur de maçonnerie s’est terminé avec succès.
RÉSUMÉ DES TRAVAUX RÉALISÉS
DÉBRIQUETAGE-REBRIQUETAGE DE SURFACE DE BRIQUE
- mise en place des échafaudages requis pour la réalisation des travaux
- installation des toiles protectrices dans le but de réduire la dispertion de la poussière
- retrait de toutes les briques de la section de mur à rebriqueter
- retrait du papier par vapeur existant et remplacement par un nouveau tyvek
- mise en place des nouveaux ancrages muraux et rebriquetage complet de la zone débriquetés
- installation des joints de calfeutrage au périmètre des fenêtres existantes des zones rebriquetés
- nettoyage à l’acide muriatique et brossage de toutes les sections de mur rebriqueté
- retrait des toiles protectrices et départition complète des échafaudages utilisés en production
- nettoyage complet de l’environnement de projet une fois les travaux complétés
DÉBRIQUETAGE-REBRIQUETAGE DE SURFACE DE PIERRES NATURELLES
- mise en place des échafaudages requis pour la réalisation des travaux
- installation des toiles protectrices dans le but de réduire la dispertion de la poussière
- retrait de toutes les pierres naturelles de la section de mur à rebriqueter
- retrait du papier par vapeur existant et remplacement par un nouveau tyvek
- mise en place des nouveaux ancrages muraux et rebriquetage complet de la zone débriquetés
- installation des joints de calfeutrage au périmètre des fenêtres existantes des zones rebriquetés
- nettoyage à l’acide muriatique et brossage de toutes les sections de mur rebriqueté
- retrait des toiles protectrices et départition complète des échafaudages utilisés en production
- nettoyage complet de l’environnement de projet une fois les travaux complétés
REMPLACEMENT D’ALLÈGE DE FENÊTRE
- mise en place des échafaudages requis pour la réalisation des travaux
- installation des toiles protectrices dans le but de réduire la dispertion de la poussière
- retrait au besoin de quelques briques afin d’être en mesure de remplacer les allèges voulues
- retrait et départition de toutes les allèges existantes à remplacer
- installation d’un solin au bas de chaque fenêtre et remise en place des nouvelles allèges
- remise en place des briques retirées au moment du retrait des allèges
- installation d’un joints de calfeutrage sur le dessus de chaque allège nouvellement posée
- nettoyage à l’acide muriatique et brossage de toutes les sections de mur rebriqueté
- retrait des toiles protectrices et départition complète des échafaudages utilisés en production
- nettoyage complet de l’environnement de projet une fois les travaux complétés